Hysope à 4 mains (Catherine et Isabelle) (septembre 2009)

Hysope (Isabelle) :

Quand mon mari et moi avons décidé d'avoir un cheval nous ne nous sentions pas assez assurés pour le choisir nous-mêmes, nous avons donc fait appel à des amis professionnels dans le milieu qui nous ont déniché la perle rare, Hysope, 5 ans de mère trotteuse et de père selle français, toisant déjà 1m68 à l'époque. Son seul 'défaut' était, disaient-ils, une 'vielle seime' à l'antérieur droit, causée par la cicatrice d'une blessure à la couronne et qui nécessitait que le cheval soit bien ferré.

Nous l'avons mis en pension dans une écurie qu'on nous avait recommandée, située près d'un bois, mon mari souhaitant faire de l'obstacle et moi tout simplement un peu de dressage et de la balade. Là, pendant des années, on n'a cessé de critiquer mon cheval : il est handicapé, il trotte comme une machine à coudre... Pourtant, animé d'un caractère généreux et sympathique, pas une fois Hysope n'a refusé de sauter des barres, il était visiblement heureux de nous accompagner en concours, de sortir en forêt. Puis progressivement tout se dégrade, il commence à avoir des tremblements de l'épaule, le vétérinaire consulté diagnostique un « shivering », je fais venir un ostéopathe et la propriétaire de l'écurie me fait savoir qu'elle ne désire pas avoir ce genre de charlatan sur son terrain ... qu'il me faut accepter que mon cheval a des problèmes génétiques - au même moment elle essaie d'en vendre un autre à mon mari - sans commentaires. Nous quittons cette pension pour une autre qui vient d'ouvrir et où nous espérons rencontrer des personnes à l'esprit plus ouvert. Hysope y est suivi par un maréchal qualifié de « meilleur de sa génération » qui trouve qu'il a des fers trop petits et qu'il faut bien lui laisser les talons hauts afin de lui « soulager le boulet ». Nous lui faisons confiance, même lorsque le cheval développe deux seimes énormes (une à chaque antérieur) qu'il pare de façon très agressive en ajoutant une ferrure spéciale. Au même moment le palefrenier voulait lui faire du muscle en faisant passer ses rations à 12litres de granulés par jour...

Les tremblements d'épaule continuent, mon cheval va de mal en pis et commence à refuser de sauter. Mon mari qui souhaitait progresser en CSO le traite de paresseux, je commence à me dire que la vraie raison de ses refus vient de ses pieds.

Du reste, les remarques sur ses pieds fusent maintenant de toutes parts, il est très droit jointé, mais il est né comme cela me dit-on, il a une corne de « merde » ajoute le maréchal, en effet les fers ne tiennent pas, il se retrouve à 10 ans avec des egg bar shoes et surtout l'interdiction de paddock car à chaque gambade de joie il risque de déferrer. Je fais venir régulièrement un ostéopathe pour vérifier son dos et je change ma selle qui était trop petite. Hysope a grandi l'année de ses huit ans et fait 1m75.

Mai 2006, les choses s'aggravent, Hysope se met soudainement à boiter bas, les radios révèlent un syndrome naviculaire, ainsi qu'une fêlure de la 3e phalange... Le vétérinaire impose un repos strict au box de 3 mois. C'est un été de canicule, Hysope a les pieds dans le fumier car les boxes ne sont vidés qu'une fois par semaine ( !!) -ce centre équestre est très connu et chaque année, il ne désemplit pas-.

Ma sœur qui habite aux Pays-Bas, me propose de prendre Hysope en charge pendant un an, de le déferrer et de le faire parer naturellement, elle m'assure que c'est sa dernière chance de se remettre complètement.

Je dois lutter contre l'avis des vétos, de mon mari qui pense que c'est une bêtise et qu'il faut lui mettre des plaques et des fers...

Il s'ensuit une période de discussions mouvementées, je propose alors une mise à la retraite anticipée en essayant une autre façon de faire puisque de toutes façons, de l'avis de TOUS les professionnels consultés (vétérinaires, maréchal, instructeur) le cheval EST FOUTU. Mon mari accepte ce qu'il considère au pire comme une année de vacances et le vétérinaire accepte l'idée de ne pas referrer avant son départ pour 'la retraite au pré'.

Hysope

Le voyage est prévu pour fin août. Au début du mois, ma sœur vient en France avec sa pareuse qui va nous expliquer le fonctionnement du pied, et pourquoi une autre approche est ce qu'il y a de mieux pour Hysope. Elle passera ensuite trois heures à le parer patiemment. Hysope a TOUTES LES FOURCHETTES pourries, les pieds contractés, des talons longs et affaissés mais une corne excellente, il a tellement mal aux pieds qu'il a beaucoup de mal à les donner (voir photos). Contre l'avis du véto nous décidons de le faire marcher tous les jours et un peu plus chaque jour sur un terrain dur et uniforme jusqu'à son départ pour les Pays-Bas. Ce premier parage le soulage déjà beaucoup, tous les jours je fais de mon mieux pour nettoyer ses fourchettes et les désinfecter au Dettol.

Août 2006 (Catherine):

Hysope part pour les Pays-Bas, pour 1 an, pour un changement de vie radical : vie au grand air, parage pieds nus, nourriture bio appropriée, soins homéos/phytos/médecine chinoise, suivi chiropracteur et promenades en forêt.

Lorsque Hysope arrive à Soest, un véritable comité de réception est là pour l'accueillir, les copines le prennent en charge pour le faire marcher à la descente du van, sachant combien un tel voyage est éprouvant pour le cheval comme pour les accompagnateurs, et elles lui préparent un box propre car il va falloir l'habituer progressivement à l'herbe.

Ma plus grande hantise au début, ce ne sont pas ses pieds mais les risques de colique et de fourbure pour un cheval qui vient de passer 3 mois quasiment immobile au box et que je veux le plus vite possible avoir 24/24 au pré. Hysope s'adapte à sa nouvelle vie et progresse chaque jour, il découvre les joies de la vie avec ses congénères, l'existence d'autres animaux (je n'oublierai jamais son expression en voyant les oies et les chèvres du voisin), les tracteurs, les vaches, et il découvrira même les feux d'artifice du jour de l'an. Dès les premières pluies du mois de septembre il grelotte sans cesse, je décide donc de lui mettre un imper.

Pendant les deux premiers mois il sera paré tous les quinze jours, je lui fais beaucoup de TTouches (méthode de Linda Tellington Jones) ma copine véto lui débloque cervicales et sacrum et veut attendre pour le reste que son parage soit plus avancé. Je le promène en main sur la piste cyclable (il se laisse doubler par vélos et mobylettes sans broncher) et dans la forêt.

Il a ses hauts et ses bas. Marche plus ou moins bien, on soupçonne un début d'arthrose à un boulet qui est régulièrement 'coincé', on lui donne un mélange d'herbes, MSM, glusosamine et chondroïtine qui semble le soulager, il en prendra toute l'année. En forêt c'est un cheval de rêve, on peut lui faire toute confiance, aller à fond, le reprendre en toutes circonstances, il adore les balades.

On le pare ensuite toutes les quatre semaines. La pareuse opte pour une approche 'douce' ne voulant pas le remettre dans une situation de stress et de douleur qui pourrait affecter sa condition générale. Il ne faut pas oublier que c'est tout son corps et son esprit qui doivent se remettrent et se réadapter, pas seulement ses pieds. Donc plutôt que de lui parer radicalement les talons, on les lui baisse progressivement 'à la limite du confort'.

Son pseudo-shivering a totalement disparu depuis que ses talons sont descendus et qu'il a toute liberté de mouvement. On lui a entretemps également débloqué le garrot et fait quelques massages. Il avait les muscles de l'épaule contractés en permanence par de faux aplombs droits-jointés entretenus par les maréchaux successifs.

De quel courage ce cheval a dû faire preuve toutes ces années... Quelle générosité pour continuer à sauter dans ces conditions. Et c'est son cœur immense qui plus que la douleur lui a fait refuser les obstacles qu'il savait ne plus pouvoir franchir sans mettre en danger son cavalier.

En juiIlet 2007, pendant la nuit, un cheval s'échappe d'un pré, casse les clôtures, l'attaque, et le poursuit jusqu'aux clôtures en barbelés du voisin qu'il traverse, hélas... Une de mes amies le trouve au matin en état de choc et ensanglanté, elle m'appelle ainsi que la véto. A mon arrivée elles l'ont déjà inspecté, nettoyé les blessures, injecté du Traumeel et des antibiotiques. C'est affreux à voir (photo) mais heureusement pas trop grave, le poitrail et l'encolure sont déchiquetés et il a quelques blessures sur les jambes pas trop profondes heureusement. Isabelle est en mer, impossible de la joindre. Deux fois par jour je vais lui mettre une lotion à la Calendula et de l'argile verte, lui donner du Traumeel en cachets, il se laissera soigner avec patience et gentillesse. Aujourd'hui on ne voit plus rien sauf une cicatrice à un postérieur.

Pendant ce temps, Isabelle est à la recherche d'une pension pré-box et prépare son retour. Elle a suivi un stage de parage avec Anouk et Richard.

Octobre 2007 : (Isabelle)

Hysope revient en France, en pleine forme. Il faut continuer le parage et je me mets en relation avec Richard avec qui j'ai effectué un stage l'année précédente.

Première déception, la pension choisie s'avère être sale et ne pas tenir ses promesses. Le cheval n'est pas sorti comme je le pense, le sol est inapproprié pour la transition que vit Hysope. Je me fais insulter, on dit que je maltraite mon cheval... Quelle ironie de la part d'une écurie où les rats courent dans les mangeoires et se noient dans les seaux d'eau où s'abreuvent les chevaux !

Je décide de déménager très vite car le cheval maigrit à vue d'œil.

Hysope se retrouve chez un agriculteur où il a, de son box, un accès direct à son paddock, car il est indispensable qu'il marche le plus possible.

Je me retrouve sans pareur car Richard, débordé, ne peut pas continuer à venir régulièrement, les fourchettes d'Hysope sont de nouveau pourries et attaquées par le candida albicans. Un autre pareur, Xavier, vient une ou deux fois, je ne l'appelle plus car le parage ne convient pas à Hysope, i l faut d'abord résoudre le problème des fourchettes. C'est dur car seule, je n'y arrive pas et on commence ici aussi à me regarder parfois de travers quand mon cheval clopine frileusement sur les cailloux et recherche l'herbe pour marcher.

En mars 2008, n'y croyant presque plus, je prends contact avec Bob Hermann qui déjà au téléphone me donne des conseils pratiques et faciles à suivre puis se déplace pour voir l'état de mon cheval. Il m'apporte des compléments de Cevalino pour supprimer l'acidose en partie responsable des mycoses.

Ses explications me semblent logiques. La confiance s'installe. Je lui confie le rétablissement de mon cheval.

Depuis un an, il vient régulièrement et suit Hysope, il a rétabli de bons aplombs, corrigé les erreurs du passé, soigné les pieds et surtout il m'a permis d'accepter que l'évolution d'Hysope passe par des périodes difficiles où le cheval marche avec difficulté.

J'ai constaté des changements physiques évidents chez mon cheval, les muscles se sont développés, le corps a changé, les allures ont pris de l'amplitude, il ne trébuche plus jamais.

De nouveaux talons sont sortis, la hauteur des talons d'il y a 3 ans a complètement disparu. Les fourchettes sont saines et larges, les pieds s'ouvrent, ont une belle concavité, les aplombs se sont modifiés - il ne se tient plus sous lui -, la paroi est très épaisse et la corne magnifique, les coussinets plantaires se developpent.

Janvier 2009 : (Catherine)

Je suis passée voir Hysope que je n'avais pas vu depuis son déménagement sur les chapeaux de roues de cette écurie immonde qui avait presque réussi à réduire à néant les efforts d'une année.

Aujourd'hui Bob vient le parer et j'ai eu le plaisir de le voir au travail. Je m'intéresse au parage naturel depuis déjà plus de sept ans et j'aime observer la technique de chaque pareur(se) rencontré(e) et tailler une bavette avec eux.

Ce que j'ai tout de suite apprécié chez Bob c'est son expérience évidente des chevaux ET du parage. Il a les deux pieds sur terre, un excellent coup d'œil, connaît ses classiques et il ose. Sous le cheval il est solide et souple à la fois. Je connais bien les 'trucs' d'Hysope quand on lui prend les pieds, ainsi que ses méfiances, donc j'ai pu apprécier à sa juste valeur ce que d'autres n'auraient pas vu. Je pense qu'il a également un excellent contact humain et est capable de venir en aide au propriétaire - à condition que celui/celle-ci fasse ce qu'il faut bien sûr - tout autant qu'au cheval. Il a su apporter à la fois à Isabelle et à Hysope le soutien qui leur était nécessaire pour se sortir d'affaire, sans avoir d'exigences impossibles à respecter.

J'ai admiré son cran et sa sûreté quand il a paré jusqu'à la limite permise et nécessaire, les fourchettes d'Hysope, faisant ce que je n'aurais jamais osé faire dès le début.

Et le résultat est là. Ces années d'efforts, de soins, de discussions ont enfin abouti, ont aidé à sortir un cheval (et ses propriétaires) du cauchemar qu'était devenu sa vie grâce aux conseils malavisés de professionnels croyant bien faire et continuant du reste à « bien faire ».

Hysope

 

Hysope

Juin 2009 : (Isabelle)

Depuis son retour des Pays-Bas, mon cheval n'a plus jamais eu besoin d'un vétérinaire. Je souhaite présenter un dossier complet à celui qui l'a condamné il y a 3 ans et qui, curieusement, exerce à quelques kms de l'endroit où nous avons atterri ! J'aimerais refaire des radios pour voir si des changements internes visibles ont eu lieu et que le même vétérinaire, au vu de ces radios, voie comment le cheval se comporte maintenant, sans ces ferrures qui ont été la source de sa pathologie.

J'aimerais également montrer Hysope au maréchal qui s'en occupait jusqu'au moment où l'on a diagnostiqué son syndrome naviculaire. Je ne veux condamner personne - à commencer par moi - car tout le monde a fait de son mieux, mais j'espère que cela pourra faire évoluer les points de vue. C'est sans doute une utopie !

Hysope vit toujours dans le Vexin, dans son box ouvert en permanence sur un paddock herbeux, il partage plusieurs jours par semaine un grand pré avec d'autres chevaux. Il n'a plus jamais mis de couverture, son poil s'épaissit pendant l'hiver, par moins 15 degrés, il est toujours dehors. Sa 'vieille seime' a totalement disparu.

Il a repris le travail, saute, se promène partout dans la campagne, marche sur les cailloux, trotte sur le macadam. Mon mari est ravi, il pense s'entraîner avec lui pour faire du TREC. Bref, tout semble être rentré dans l'ordre et la transformation musculaire suit son cours.

On peut dire qu'Hysope a été sauvé...MERCI BOB

Hysope

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